Si l’on vous demandait quel est le super-pouvoir caché des abeilles, que répondriez-vous ? Leur incroyable...
Le faux bourdon : une abeille qui ne pique pas, qui ne butine pas ; mais alors à quoi sert cet insecte ?
Dans un de nos articles précédents, vous avez découvert les différences fondamentales entre le vrai bourdon et le faux bourdon, deux insectes bien distincts. Et peut-être avez-vous appris que le faux bourdon est en fait l’abeille mâle : une abeille qui ne semble pas débordée d’activité puisqu’il ne pique pas, ne butine pas et ne produit pas de cire. Alors à quoi sert le faux bourdon dans une ruche ?

Le faux-bourdon est issu d’un œuf non fécondé
On vous rappelle qu’au sein d’une ruche d’abeilles Apis Mellifera (race d’abeilles domestiques utilisée dans l’apiculture en France notamment), sont réunis trois catégories d’individus : une reine, des abeilles ouvrières et des faux-bourdons. Alors commençons par le début : la conception de l’abeille mâle.
Les abeilles cireuses ont bâti des cellules en forme d’alvéole dans lesquelles la reine est invitée à pondre des œufs pour assurer la survie de la ruche. Le faux bourdon est issu d’un de ces œufs mais qui présente la particularité d’être non fécondé. Cet ovule non fécondé produit par la reine est une technique de reproduction asexuée qui porte le nom savant de parthénogénèse. Ainsi, le faux bourdon a une mère (la reine de la ruche) mais pas de père. Son patrimoine génétique s’en trouve limité à 16 chromosomes, issus de sa mère (la reine) alors que ses sœurs (les abeilles femelles) naissent d’œufs fécondés avec 32 chromosomes.
La naissance du faux bourdon
On ne sait pas vraiment ce qui motive la reine à pondre un œuf non fécondé ou bien si ce sont les abeilles ouvrières qui incitent la reine à produire des mâles. Ce qui est sûr c’est qu’à partir du mois de mars, des cellules de faux bourdons apparaissent sur les cadres de la ruche. Elles sont, en effet, facilement repérables du fait de leur taille. Elles sont plus grandes et plus bombées que les cellules des larves des futures abeilles ouvrières. C’est plutôt normal, il faut les loger ces “petits dodus”. Mais elles restent plus modestes qu’une cellule royale (une future reine).
C’est au bout de 24 jours et après différents stades d’évolution (œuf, larve et nymphe) que le faux-bourdon pourra éclore de sa cellule. Son espérance de vie moyenne au sein de la ruche est d’environ 90 jours.

Le rôle sacré du faux-bourdon : se reproduire
Le faux-bourdon est en charge d’une mission sacrée : se reproduire. Sa raison d’être est la possibilité de s’accoupler à une reine vierge selon un rituel bien établi. En été, une ruche peut compter jusqu’à 2 000 faux-bourdons et il semble qu’en moyenne un mâle sur 1 000 pourra accomplir sa fonction reproductrice.
Quand sonne l’heure de la fécondation, tous les faux bourdons d’une ruche et des ruches avoisinantes s’envolent vers des « zones de reproduction » où ils retrouvent les reines vierges. Ils vont s’accoupler en plein vol, une technique qu’ils n’auront l’occasion d’accomplir qu’une seule fois ! En effet ce vol nuptial se termine tragiquement pour le faux-bourdon. Une fois le coït accompli, son ventre se déchire, son organe reproducteur s’arrache en entraînant la masse de ces entrailles…
Le sort des mâles qui n’ont pas eu « la chance » de s’accoupler avec la reine n’est pourtant pas à envier. Après la période de fécondation et dès que le nectar et le pollen commencent à se faire rare, les mâles sont chassés de la ruche. Et si certains font de la résistance pour continuer à manger “gratis” au frais de la reine, les abeilles ouvrières n'hésitent pas à les piquer pour les tuer. Aucun cadeau ne leur est fait.

Le comportement du faux bourdon dans la ruche
La survie du faux-bourdon ne semble se justifier que par sa fonction de reproducteur. C’est vrai qu’il ne participe pas aux travaux de la ruche dont le nourrissage, la construction des rayons, le butinage, la fabrication du miel ou le gardiennage. Pire, il farniente dans les endroits les plus tièdes de la ruche, parsème d’excrément les rayons qu’il arpente, se sert dans les réserves alimentaires et gène la circulation des ouvrières avec son gros corps.
Il peut, néanmoins, voler à l’extérieur de la ruche et même s’il n’est pas équipé de dard, son allure « rustique » et poilue pourrait peut-être faire peur à de potentiels intrus. Style : « je suis gros, je fais du bruit et je vole autour de toi pour t’effrayer… »
Pourtant de par sa morphologie plus robuste, le faux bourdon jouerait un rôle de régulateur thermique au sein de la colonie : il aiderait à maintenir la bonne température ambiante, notamment au niveau du couvain, grâce aux battements de ses ailes. De plus, selon les dernières études, il pourrait avoir un rôle de stimulation auprès de ses sœurs, les abeilles ouvrières.

L’intérêt du faux bourdon dans les pratiques apicoles
Il y a 4 siècles avant notre ère, Aristote disait ceci : « C’est une bonne chose d’avoir des bourdons dans la ruche, car leur présence accroît l’activité des travailleuses ».
Alors qu’au XIXème siècle, les apiculteurs avaient pour habitude, de détruire les cellules de mâles et n’en conservaient qu’un petit nombre. Il est vrai (c’est toujours le cas…) que les faux-bourdons mangent 2 à 3 fois plus de miel qu’une ouvrière.
Depuis ce temps, les pratiques apicoles ont évolué, et en laissant se développer naturellement les cellules de mâles au sein d’une colonie, les apiculteurs se sont rendus compte que la productivité de miel pouvait augmenter d’environ 20% par rapport à des ruches ayant une population de mâle réduite. Ce qui démontre bien que le faux-bourdon a plus qu’un rôle de reproduction au sein de la ruche.
Nous avons encore tant de choses à apprendre sur les abeilles. Protégeons-les parce qu’elles prennent soin de la nature.
Miellement vôtre.
Tout l’équipe de MPPM